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Tout vient à point à qui sait attendre

21 février 2011

Parfois, il nous semble pénible de voir nos élèves réfléchir, chercher,… Nous éprouvons souvent un réel malaise devant l’irrésolution. Nous voulons «aider», «soutenir», «guider»,… Nous semblons être allergiques aux silences et aux temps de réflexion.

Lorsqu’on capte des clips à l’aide d’une petite caméra vidéo en salle de classe, cela nous permet de constater (avec le compteur de temps) et d’analyser qui prend part (et quelle part) aux conversations. Il est aussi possible de consigner nos observations grâce à différentes grilles. Je suis toujours à la recherche de nouvelles stratégies d’observations.

En animant une enquête collaborative récemment, j’ai demandé à une collègue qui venait observer la rencontre de me donner de la rétroaction sur un élément suite à la journée, soit ma gestion du «temps d’attente» ou plutôt du «temps de réflexion». Je lui ai demandé de vérifier si je respectais un minimum de 3 secondes de silence après une question posée au groupe et un minimum de 3 secondes de silence après une intervention de quelqu’un du groupe avant de reprendre la parole. Malgré le fait que c’était un objectif personnel, réfléchi et partagé, les «crochets» sur sa feuille d’observation n’étaient pas très élogieux.

Le lendemain, lors de la rencontre d’une autre équipe, j’ai adopté une stratégie d’autorégulation. À l’aide d’une feuille sur laquelle j’avais imprimé des groupes de trois cercles, j’ai tenté de noircir lentement trois cercles après avoir posé une question et après une la réponse ou l’intervention d’un participant. J’ai eu l’impression que ce repère visuel m’a permis d’être plus vigilante que la veille avec mon «temps d’attente». Mon objectif est que cela devienne pour moi une «seconde nature».

Comment peut-on s’assurer d’accorder aux élèves le temps dont ils ont besoin pour réfléchir? Comment peut-on s’entraider entre collègues à ce sujet et se conscientiser davantage à cet aspect de l’apprentissage? Comment peut-on aider les élèves à développer le goût de réfléchir et à faire preuve de persévérance devant une situation complexe ?

Outre le rythme et les conversations dans la salle de classe, d’autres facteurs tels le climat et le questionnement viendront grandement influencer la réflexion de l’élève.  Je m’accorde donc un temps de réflexion pour en apprendre davantage à ce sujet…

Partage de liens :

  • Five Rules to Problem Solving in your Shop « #5. Don’t speak rule » – Beau défi que de donner le temps à la personne qui soulève un problème de tenter de le résoudre.
  • Using Think Time and Wait Time Skillfully in the Classroom – J’ai surtout accroché à l’idée d’attendre AUSSI après que l’élève se soit exprimé.
  • Monographie : L’interaction entre élèves dans un cours de mathématiques: Compétition ou échange d’idées? – On y souligne l’attente de réponse comme une stratégie qui favorise l’interaction en salle de classe.
  • Communication in the Mathematics Classroom – « When teacher talk dominates whole-class discussion, students tend to rely on teachers to be the expert, rather than learning that they can work out their own solutions and learn from other students. » – Ce document du Secrétariat de la littératie et de la numératie devrait être disponible en français sous peu.
7 commentaires leave one →
  1. 21 février 2011 20:09

    J’adore l’idée de noircir des points pour s’autoréguler. Je vais tenter l’expérience. Et surtout merci de me rappeler que tout vient à point à qui sait attendre…

  2. Bianca permalink
    22 février 2011 00:04

    De mon côté, ton billet tombe à point…. J’animerai un groupe de travail sur les stratégies a utiliser pour développer les HH….j’aime les points a noircir….Est-ce que j’ai su attendre? Voila la question!

  3. Annie permalink
    3 mars 2011 08:43

    J’ai l’intention moi aussi de « m’auto-observer » et de demander à des collègues de commenter mon questionnement face aux élèves. Souvent dans un groupe, je me sens pressée, j’ai une tâche à accomplir dans un temps limité. Je réalise que l’interaction se fait rapidement, questions-réponses-questions-réponses et on continue…
    Je remarque que souvent, les élèves plus « forts » n’ont pas trop de difficulté à réaliser les tâches quotidiennes. Pour favoriser leur goût de réfléchir et de persévérer, j’aime leur présenter des défis, les mettre en position de « déséquilibre », en terrain inconnu. Ils apprennent (face à mon refus de leur fournir la réponse et à mes encouragements!) à utiliser et à développer des stratégies personnelles. La plupart du temps, ils réussissent la tâche par eux-mêmes et leurs yeux s’illuminent de fierté. C’est ça je pense développer l’amour d’apprendre et d’enseigner les maths!

  4. Carole permalink
    5 mars 2011 00:45

    Utiliser une caméra vidéo en salle de classe est aussi une excellente stratégie qu’on n’utilise pas assez souvent. Bien sûr, la stratégie de tes 3 petits points devrait être au moins essayée en tant qu’auto-évaluation de nos pratiques. Souvent, j’ai tendance à reformuler ma questions de peur à ce que l’élève n’ait pas compris, qui fait qu’ensuite, je me demande si je ne mêle pas l’élève plus que de l’aider? Le temps nous fait parfois tenter de précipiter les choses, mais on devrait tout simplement accepter que les réponses d’élèves sont un apprentissage en soi-même qui les font cheminer de toute façon.

  5. Lysanne Bédard permalink
    5 mars 2011 12:42

    Peut-être que le titre de cette chronique devrait être « Tout vient à point à qui sait entendre »?

  6. Carole permalink
    9 mars 2011 16:20

    Il me semble très intéressant d’essayer de donner du temps aux élèves de réfléchir en noircissant des petits points.

    Ça me fait penser à l’enseignement de la lecture… Il nous arrive souvent de vouloir corriger tout de suite (« sur le champs ») l’erreur que fait un élève en lisant. Ensuite, on se pose la question suivante : Pourquoi l’élève n’a pas appris à se corriger lui-même par exemple en se relisant, en vérifiant la structure de la langue, ou le sens du texte, ou les lettres du mot?…

    Marie Clay suggère d’attendre à la fin d’une page ou même du texte pour revenir féliciter un bon comportement ou pour travailler l’utilisation d’une activité stratégique en lecture.

    Je pense aussi que nous, comme adulte, avons ce même besoin de réfléchir… Et, n’avons-nous pas parfois compris quelque chose en essayant d’expliquer notre pensée suite à une question… pour ceci, il nous faut y réfléchir avant…

    Si nous avons la chance d’avoir encore plusieurs élèves qui lèvent la main pour tenter de répondre, nous pourrions attendre d’avoir une majorité de mains levées avant d’attribuer le droit de parole… Et si notre question est bien choisie, bien planifiée… pourrions-nous la répéter plus lentement après avoir attendu un certain temps? Je me pose la question…

    Merci pour ce partage de stratégie et cette réflexion!

    Carole

  7. Joëlle Gauthier permalink
    28 mars 2011 09:59

    J’ai bien aimé l’idée des 3 points à noircir après avoir posé une question. Je trouve que c’est très visuel et kinesthésique pour l’enseignante. De plus, l’idée d’attendre pour donner une rétroaction après avoir reçu une réponse est quelque chose que je n’avais pas pensé. J’ai noté, dans un autre article, une petite phrase toute simple à donner après une réponse et qui est « Merci pour ton idée ».

    Pour ma part, j’utilise beaucoup les « 3 P » lorsque je pose une question. Les élèves aiment beaucoup ça et participent davantage.

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